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Type de textesource
TitreRemarques sur les Nouvelles réflexions touchant la Poëtique
AuteursVavasseur, François
Date de rédaction
Date de publication originale1675
Titre traduit
Auteurs de la traduction
Date de traduction
Date d'édition moderne ou de réédition
Editeur moderne
Date de reprint

, p. 35-37

[[8:voir aussi Parrhasius contours]] Il y a une maniere de finir un ouvrage qui consiste à retrancher ce qui mesme ne devroit pas sembler superflu ; à s’arrester tout court, comme au milieu de son travail, le dessein neanmoins estant achevé, à laisser penser aux autres ce qu’il faut, et ne pas exprimer tout ce qu’on pense. C’est ainsi que Parrhasius finissoit ses tableaux, en faisant toujours attendre quelque chose au-delà de ce qu’il executoit ; et la grande loüange que donnoient ceux de sa profession à sa peinture, estoit que les derniers lineaments de ses tableaux, et les figures des corps, qui en effet n’estoient pas achevez, donnoient plus à penser qu’elles ne representoient d’elles-mêmes, Confessione artificum, dit Pline, in lineis extremis palmam adeptus. Ambire enim debet se extremitas ipsa, et sic desinere, ut promittat alia post se, ostendatque etiam quæ occultat. Je vous demande maintenant, Monsieur, n’est-ce pas là ce que vous appelez sçavoir finir ? Et n’est-ce pas le grand talent, dont vous parlez, qui n’est que des grands hommes, et des génies extraordinaires ? Mais sçachez qu’il est une autre maniere de sçavoir finir, que vous confondez avec celle-cy, et qui ne peut mieux se faire voir que par son contraire. C’est un trop grand soin, et une trop grande exactitude, qui gaste plus qu’elle n’aide : c’est d’estre toujours apres son ouvrage, de n’avoir jamais fait, de se chicaner, pour ainsi dire, soy-mesme, enfin de vouloir mieux faire qu’on ne peut. Apelles se donnoit la gloire de pouvoir finir, quand il lui plaisoit ; ajoutant au contraire que Protogene estoit bien à la vérité son pareil, et que mesme il le surpassoit en quelque chose ; mais qu’il avoit ce desavantage, qu’il ne pouvoit quitter le pinceau. Comme s’il eust voulu donner cét excellent precepte aux maîtres de son art, et mesme à ceux de chaque profession, que trop d’étude, de travail et d’application, estoit souvent préjudiciable. Et aliam gloriam Apelles usurpavit, cum Protogenis opus immensi laboris ac curae supra modum anxiae miraretur. Dixit enim omnia sibi cum illo paria esse aut illi meliora : sed uno se praestare, quod manu mille de tabula nesciret tollere : memorabili praecepto, nocere saepe nimiam diligentiam. C’est, Monsieur, de ces deux manieres de sçavoir finir, qui sont fort differentes, comme vous voyez, que vous n’en faires qu’une : quoyque Pline, dont vous vous servez, les distingue parfaitement.

Dans :Apelle et la nimia diligentia(Lien)

, p. 35-37

Il y a une maniere de finir un ouvrage qui consiste à retrancher ce qui mesme ne devroit pas sembler superflu ; à s’arrester tout court, comme au milieu de son travail, le dessein neanmoins estant achevé, à laisser penser aux autres ce qu’il faut, et ne pas exprimer tout ce qu’on pense. C’est ainsi que Parrhasius finissoit ses tableaux, en faisant toujours attendre quelque chose au-delà de ce qu’il executoit ; et la grande loüange que donnoient ceux de sa profession à sa peinture, estoit que les derniers lineaments de ses tableaux, et les figures des corps, qui en effet n’estoient pas achevez, donnoient plus à penser qu’elles ne representoient d’elles-mêmes, Confessione artificum, dit Pline, in lineis extremis palmam adeptus. Ambire enim debet se extremitas ipsa, et sic desinere, ut promittat alia post se, ostendatque etiam quæ occultat. Je vous demande maintenant, Monsieur, n’est-ce pas là ce que vous appelez sçavoir finir ? Et n’est-ce pas le grand talent, dont vous parlez, qui n’est que des grands hommes, et des génies extraordinaires ?

Dans :Parrhasios et les contours(Lien)